À la découverte du 51e régiment d'infanterie...
- Jean Dominique Merchet

- 16 oct.
- 3 min de lecture
Implanté à Mourmelon, cette unité est un élément essentiel de l'entraînement au combat

Le 51e RI ? Si je me pique de connaitre à peu près l'ordre de bataille de l'armée de Terre, j'avoue être tombé à l'arrêt devant le stand du 51e régiment d'infanterie, à l'occasion de la Présentation de l'armée de Terre (PAT 2025) qui se tenait à l'Ecole militaire. Le lieutenant-colonel Geoffroy Leray a eu la gentillesse d'éclairer ma lanterne.
Depuis plusieurs années, l'armée de Terre a eu la bonne idée de relever des noms de régiments en les attribuant à des divers centres d'instruction ou d'entrainement aux noms souvent barbares. Comme dans ce cas, ils conservaient les traditions d'anciens régiments, comme le 51, sans toutefois les mettre en avant.
Implanté à Mourmelon (Marne), le 51 est, dans les faits, le Centre d'appui et de préparation au combat interarmes (CAPCIA). Dissous en 1984, son histoire remontait au XVIIe siècle. C'est l'ancien Groupement de camp de Mourmelon, aux missions désormais bien plus larges.
Son effectif est relativement réduit, avec à peine 350 personnels, dont plus de 80 civils.
"Les lions de Champagne", comme ils se surnomment, remplissent six missions différentes :
1) Ils accueillent le centre d'entraînement tactique de drone (CETD), qui entraine des équipes de quatre dronistes à s'intégrer dans la manoeuvre générale. Il s'agit de préfigurer les opérateurs de munitions téléopérées (MTO) qui seront prochainement en dotation.
2) Ils accueillent également le centre de formation et de perception du Serval, le nouveau blindé léger (17 tonnes quand même) de l'armée de terre. Le 51 est le point de passage entre l'industriel Nexter et les régiments. Environ 300 Serval ont déjà été livrés aux unités, y compris ceux de l'armée belge.
3) Ils gèrent le parc d'entraînement Champagne. On se souvient que l'armée de Terre, par souci d'économies, avait choisi de différencier les parcs de véhicules de chaque régiment. Plutôt que d'être dans la garnison, certains engins restaient en permanence dans les grands camps de manoeuvres, comme Mourmelon. Le 51e était ainsi responsable d'environ un demi-millier de blindés ! L'armée de Terre a décidé de revenir sur cette organisation, les matériels regagnant progressivement les régiments. Cette mission va donc s'éteindre, mais cela prendra un certain temps, surtout pour les chars Leclerc.
4) Ils abritent le centre d'entraînement au tir interarmes (Cetia -Symphonie), sur le camp de Suippes. «On tire de tout, sauf le M51» sourit-on au 51. Tout, y compris des munitions air-sol. Le camp de Suippes ne permet toutefois pas des tirs à portée maximale - en tir indirect (pour l'artillerie), la limite est de 18 à 20 km, depuis le Mourmelon. Pour atteindre les portées maximales du Caesar, il faut tirer à partir de l'extérieur des camps, ce qui est possible, mais nécessite des accords avec l'aviation civile... Un obus portant à 40 km monte à 10000 mètres d'altitude... c'est à dire là où passe les avions de ligne.
5) Le 51 assure également la remise à niveau des militaires qui partent en opération en individuel. Ce sont des stages d'une semaine de recyclage au tir, au secourisme, au droit des conflits, à la sécurité, etc.
6) Enfin, le 51 gère toujours les camps de Mourmelon et Suippes, soit 25000 hectares - le plus grand de France après celui de Canjuers (Var). C'est plus de deux fois la superficie de Paris. Le régiment y est responsable de l'infrastructure, comme de la faune - avec un gibier nombreux, notamment de cervidés - et de flore. Avec le changement climatique, les risques d'incendie augmente sur le camp, ce qui pourrait nécessiter, comme à Canjuers, la présence permanente de pompiers.



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