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Immigration : la préférence algérienne. Un entretien avec Charles Rodwell

  • Photo du rédacteur: Jean Dominique Merchet
    Jean Dominique Merchet
  • 17 oct.
  • 3 min de lecture

Le député Charles Rodwell publie un rapport très documenté pour dénoncer l'accord de 1968 avec l'Algérie. Il dénonce son coût de 2 milliards par an.


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Le député Charles Rodwell (Yvelines, Renaissance) vient de publier un rapport d'information particulièrement documenté sur l'accord franco-algérien de 1968, qui organise l'immigration algérienne dans notre pays. Cette convention fait l'objet de nombreuses polémiques et les partis de droite souhaitent sa dénonciation, comme le propose l'ancien ambassadeur en Algérie, Xavier Driencourt. C'est peu de dire que le Quai d'Orsay, soucieux de maintenir de bonnes relations avec Alger, ne voit pas cette initiative d'un bon oeil, alors que le président Macron semble convaincu qu'«il faut bouger», au vu des conclusions du député macroniste.


Charles Rodwell a bien voulu s'entretenir avec secretdefenseV2.


Peut-on parler de la part de la France d'une «préférence algérienne» en matière d'immigration, comme d'autres parlent de «préférence nationale» ?

Oui, on peut le faire, mais au sens large, tant cet accord est massivement favorable aux Algériens, en matière de regroupement familial, de mariages ou de renouvellement des titres de séjour. Le principe d'égalité entre les étrangers est rompu. Je voudrais mettre deux bémols : il s'agit bien d'une préférence par rapport aux autres étrangers, et non par rapport aux Français. Ensuite, parce que, du fait de cette convention, les Algériens ne bénéficient de certaines mesures, comme le passeport talent. C'est d'ailleurs ubuesque de le constater !

Je suis né en 1996, soit 34 ans après l'indépendance de l'Algérie et j'aspire à la normalisation entre nos deux pays. Cet accord est le fruit de la décolonisation et d'un lourd héritage colonial. Pour moi, les Algériens doivent devenir des étrangers comme les autres et les binationaux des Français comme les autres.


Vous chiffrez à deux milliards par an l'impact de cet accord sur les finances piubliques. C'est énorme.

Attention, il s'agit d'une estimation, car nous avons constaté qu'en la matière l'Etat était aveugle. C'est un problème systémique, avec des contradictions entre les ministères, qui sont de bonne foi. Avec mon co-rapporteur (Mathieu Lefèvre, qui, nommé ministre, n'a pu signé ce rapport -NDLR), nous avons adopté la méthodologie la plus stricte possible pour ne prendre en compte que ce qui est directement lié à l'accord de 1968. Ainsi, nous excluons le coût du logement social ou des OQTF (obligations de quitter le territoire français).


Qu'en est-il des prestations sociales ?

Il y a des situations délirantes avec les pensions de retraite. Prenons l'exemple d'un citoyen algérien qui a travaillé 40 ans : 20 ans en Algérie et 20 ans en France. L’accord prévoit que l’Algérie lui verse la moitié de sa pension et la France, l’autre moitié. C’est parfaitement légitime, puisqu'il a cotisé la moitié de sa vie en France. La sécurité sociale algérienne se doit de lui verser l’autre moitié. Or celle-ci lui refuse, en dénonçant cette disposition découlant de l’accord de 1968. Résultat : la France compense ce manquement, en versant l’ASPA (Aide sociale aux personnes âgées) à ce même citoyen, en plus de la part française de sa retraite. Mon intention n’est évidemment pas d’accabler les milliers de citoyens algériens concernés, pour beaucoup devenus Français, qui ont travaillé très dur et qui méritent une retraite digne. Mais nous dénonçons, en revanche, le manquement grave du régime algérien à ses obligations, notamment vis-à-vis de ses propres citoyens présents en France.


Vous consacrez une partie de votre rapport aux caractéristiques de l'immigration algérienne en France. Pouvez nous nous donner des chiffres ?

Là encore, c'est très difficile à calculer. Les différentes données ont permis à l’observatoire de l’immigration et de la démographie d’évaluer la diaspora algérienne (incluant trois générations d’immigrés) à environ 3 millions de personnes Les autorités algériennes évoquent régulièrement des chiffres plus élevés, allant de 4 à 6 millions de personnes. Il est possible d’estimer raisonnablement que la diaspora algérienne au sens large représente entre 4,5 et 6 % de la population française.






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