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Gérard Araud sur les militaires : «un scoutisme de droite souvent sympathique»

  • Photo du rédacteur: Jean Dominique Merchet
    Jean Dominique Merchet
  • il y a 6 jours
  • 2 min de lecture

L'ancien ambassadeur publie un nouveau livre, «Leçons de diplomatie» avec quelques passages bien sentis sur l'armée.


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Ancien ambassadeur en Israël et en Etats-Unis, ex-représentant de la France aux Nations Unies, Gérard Araud est une vedette de la diplomatie française que l'o, voit régulièrement dans les médias, notamment LCI. Il est l'auteur de plusieurs excellents livres et vient d'en publier un nouveau, «Leçons de diplomatie» chez Tallandier.


Dans le chapitre sur la manière dont la politique étrangère de la France se forme, il évoque «le rôle central du ministère de la Défense et de l'état-major des armées». C'est l'occasion pour lui d'écrire quatre belles pages sur les militaires - de gentilles vachardises nourries d'une longue fréquentation. Exemples :


«Les armées sont une puissance dans l'Etat, d'autant qu'elles s'autorisent largement et savent, la plupart du temps, pousser leurs candidats aux postes les plus élevés. Elles véhiculent leur propre vision du monde qu'entretiennent la forte endogamie du recrutement des officiers et une solide culture de corps ; une culture faite de traditions, de conservatisme et de nostalgie coloniale, mais aussi de courage, de désintéressement, de patriotisme et de service, un "scoutisme de droite" d'ailleurs souvent sympathique

Il constate ainsi que les officiers français fournissent de «gros bataillons à la messe du dimanche».


L'ambassadeur note que, dans l'armée, «on est parfois prorusse et proserbe» et qu'on y «entretient une relation ambigüe avec les Américains, faite d'admiration pour leurs moyens et de ressentiment pour leur arrogance.»

Gérard Araud se souvient du temps où il était conseiller diplomatique du ministre de la Défense François Léotard (1993-1995) : «Les armées qui ne voulaient pas se heurter aux Serbes en sous-estimaient systématiquement les méfaits (...) Il fallut que Jacques Chirac y mette le hola».


Le diplomate regrette «l'absence de toute culture militaire chez des hauts fonctionnaires qui devraient théoriquement aider leurs maitres, élus du peuple, à exercer le contrôle démocratique sur les forces armées. Il n'est pas facile, pour un directeur d'administration de contester l'avis d'une général ou d'un amiral cinq étoiles, quasiment inamovible, qui, le lendemain, se retrouvera seul dans le bureau du président de la République.»


Les armées, écrit Gérard Araud avec beaucoup de justesse, «n'échappent pas au conservatisme inhérent à toute institution dont l'objectif est toujours de perdurer dans son être. Il s'agit d'un travers commun à toute structure administrative qui est, par nature, rétive à tout changement profond parce qu'il remettrait en cause l'image positive qu'elle a d'elle-même et les équilibres culturels et humains sur lesquels elle repose.»

«Dans ce contexte de conservatisme de toute institution et de féodalités que représentent les armées [Terre, Air, Marine -NDLR], il est irréaliste d'attendre qu'elle se réforme d'elles-mêmes. (...) Les années 30 illustrent tristement cette logique. (...) Il ne suffit pas seulement d'augmenter les budgets ; il faut encore bousculer les inévitables conservatismes et corporatismes ; il faut accepter d'innover parfois radicalement.» Et d'avertir qu'«il serait regrettable que le pouvoir politique ne manifeste pas son volontarisme pour adapter les armées à la nouvelle donne. Ce n'est pas gagné d'avance.»


Ces observations et analyses rejoignant parfaitement les miennes, je n'aurai que ces mots pour conclure : lu et approuvé !







 
 
 

6 commentaires


Un ami militaire
il y a 6 heures

Monsieur Gérard Araud, diplomate brillant, devenu commentateur, intelligent, avisé, clair et compétent, tout autant que caustique et un tantinet narcissique, préfère « perdre des amis que l’occasion d’un bon mot! »..

En réalité, monsieur Gérard Araud sait fort bien que le ministère de la défense, puis des armées, est, de tous les ministères, celui qui s’est le plus réformé depuis 30 ans…

Monsieur Gérard Araud sait fort bien que ce ministère a perdu 54 000 hommes en cinq ans et qu’il l’a fait sans murmurer, tout en se reformant considérablement, en préservant l’essentiel, en assumant et réussissant ses missions souvent au prix du sang (quel est le dernier diplomate blessé ou mort au combat ?).

Il l’a fait en préparant l’avenir…

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cler
il y a 4 jours

"...entretient une relation ambigüe avec les américains...": à y regarder d'un peu plus près, on ne peut que constater les réserves vis-à-vis de l'UE.

"Les années trente illustrent..." pourquoi ne pas remonter à Vercingétorix ?

L'analyse de M. Araud est partiale ; sa vision ne serait elle pas déformée par une désinformation propre au Quai ?

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Invité
il y a 6 heures
En réponse à

La relation ambigüe n'est-elle pas aussi le fait des USA ?

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FB2
il y a 6 jours

il est tout à fait délicieux de voir un homme qui bloque à la volée tout contradicteur sur ses comptes sociaux dénoncer la réticence des Armées à l'évolution, à la critique et leur attachement à un statut quo.


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BtBp
il y a 6 jours
En réponse à

Et, pour ma part, j'ai trouvé tout à fait délicieux de trouver une belle convergence entre les travers des militaires et ceux des diplomates.

Asinus asinum fricat.

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Invité
il y a 6 jours

Un constat sociologique globalement vrai même si chaque armée a son tropisme culturel et historique. Par contre, sur le paragraphe réforme, je pense très honnêtement que Gérard Araud est soit malhonnête, soit ignorant. Le ministère des armées, ex-ministère de la Défense est, faits à l'appui, le ministère qui se réforme le plus et le plus rapidement. Son histoire l'atteste.

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