Que sait-on de l'incursion de MiG-31 russes en Estonie ?
- Jean Dominique Merchet
- il y a 5 jours
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Vendredi matin, trois MiG-31 russes ont pénétré dans l'espace aérien de l'Estonie, pendant une douzaine de minutes. Selon le ministère estonien de la défense, dont nous publions la carte, les appareils russes n'ont pas survolé le territoire terrestre du pays, mais sont restés au dessus du Golfe de Finlande. Les trois appareils effectuaient un vol depuis la Carélie vers Kaliningrad. Ils sont logés la côte sur environ 180 kilomètres, pendant une douzaine de minutes, sans jamais pénétré de plus de dix kilomètres dans l'espace aérien estonien, selon les autorités de Tallin.
Les Russes seraient entrés dans l'espace estonien vers l'îlot estonien de Vaindloo : cette zone fait l'objet d'un désaccord entre la Russie et l'Estonie sur la délimitation exacte des zones de souveraineté. Moscou prétend que ces avions ont survolé une zone neutre et respecter les règles internationales.
Les Mig31 n'avaient pas déposés de plan de vol, pas plus qu'il n'avaient d'autorisation de survol. Ils n'ont pas répondu aux appels radios et avaient éteints leurs transpondeurs. Face à cette situation, l'Otan qui assure la mission permanente de police du ciel pour les pays baltes (Baltic Air Policing) a fait décoller des F-35 italiens, stationnés sur la base d'Ämari, ainsi que des appareils finlandais et suédois.
Il s'agissait de la quatrième ou cinquième violation de l'espace aérien estonien depuis le début de l'année, mais le plus long de tous. Depuis 2014, on en compte une quarantaine.
Les Mig-31 sont de vieux appareils, à la fois très rapides (plus de Mach 2) et très lourds (jusqu''à 40 tonnes au décollage). Successeurs du Mig-25, ils étaient à l'origine des intercepteurs mais ils mettent en oeuvre aujourd'hui les missiles Kinzhal.
Cette incursion fait suite à celles d'une vingtaine de drones russes sur le territoire polonais dans la nuit du 9 au 10 septembre qui a déclenché, en réaction, l'opération Eastern Sentry de l'Otan. Pour beaucoup d'observateurs, la Russie cherche à tester l'Otan sur ces marges, en Pologne, en Roumanie et dans les pays baltes. A l'évidence, la posture de la Russie est agressive, tout en veillant à rester sous le seuil d'une agression caractérisée. Ce comportement renforce la détermination des Européens à réagir face à Moscou.
Dans une situation de graves tensions, il est important de garder son calme, tout en réagissant fermement face aux comportements inacceptables de l'aviation russe. On entend et on lit beaucoup d'appels à abattre les avions russes la prochaine fois qu'ils violeront l'espace aérien d'un pays balte, comme la Turquie l'avait fait en abattant, en 2015, un Su-24 russe en provenance de Syrie.
Hmm, il aurait peut-être été utile que le ministère de la Défense estonien indique la ligne violette sur sa carte. Il sous-entend qu'il s'agit de « l'espace aérien estonien », car cela indique la « violation », mais il ne précise pas si cela représente son eaux territorial ou son ZEE.
En quoi est-ce important ? S'il s'agit des eaux territoriales, il y a violation. S'il s'agit des eaux EEZ, il n'y a pas de violation (puisque dans le cas de ZEE tous les États jouissent de la liberté de survol).
Voici une carte indiquant les limites territoriales et les ZEE. D'après le « renflement » distinctif (flèche), il semble clair que la ligne violette non étiquetée sur la carte du MOD estonien est la…