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Le service militaire, une mythologie politique française

  • Photo du rédacteur: Jean Dominique Merchet
    Jean Dominique Merchet
  • il y a 19 minutes
  • 2 min de lecture

Le soit-disant héritage républicain de la Révolution française vient tout droit de la Prusse.


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Le service militaire, dont le président Macron devrait prochainement annoncer une nouvelle mouture sur une base volontaire, relève d'une mythologie politique française. Présenté comme «républicain» et hérité de la Révolution française, c'est en réalité un héritage... prussien ! En voici l'histoire.


Premier rendez-vous: la Prusse du XVIIIe siècle. En 1733, le roi sergent Frédéric-Guillaume instaure le service militaire obligatoire, même s'il en exempte largement les bourgeois et les artisans. Cette armée de paysans encadrée par la noblesse terrienne, les «Junkers», sera l'instrument du militarisme prussien pendant plus de deux siècles. En 1740, Frédéric II dit «le Grand» monte sur le trône et poursuit l'oeuvre de son père. Avec une population dix fois moins nombreuse que celle du royaume de France, il parvient à mettre sur pied une armée de taille comparable.


Deuxième rendez-vous: la Révolution française. En décembre 1789, un député de l'Assemblée constituante, Dubois-Crancé, propose d'établir la conscription («Tout citoyen doit être soldat et tout soldat citoyen»). Son texte est rejeté à une large majorité au nom de la liberté: les cahiers de doléances condamnaient déjà le principe de la conscription. Seule est créée une garde nationale, composée de volontaires capables de payer leur équipement. Ce sont d'ailleurs ces volontaires encadrés par l'armée royale que l'on retrouve à Valmy, le 20 septembre 1792. Volontaires et non pas conscrits. En effet, la levée en masse n'est décidée par la Convention que le 23 août 1793, près d'un an après Valmy. Il s'agit alors d'une mesure exceptionnelle, liée au fait que «la patrie est déclarée en danger» .

Ce n'est qu'avec la loi Jourdan du 5 septembre 1798 qu'apparaît une véritable conscription. Tous les jeunes de 20 à 25 ans peuvent être appelés en fonction des besoins des armées. Très vite (1802), le principe du «remplacement» est acquis, qui profite aux classes les plus riches. Ce système va doter la France de la plus grande armée du monde, celle de l'Empire napoléonien.

En 1813, les Prussiens occupés par les armées françaises s'en inspirent. Scharnhorst, Gneisenau, Blücher réorganisent leur armée, avec un service militaire obligatoire de trois ans.


Troisième rendez-vous: Bismarck. Entre 1858 et 1862, Albrecht von Roon, ministre des armées du roi de Prusse, invente le système moderne de «l'armée-cadre». Son principe est simple: les régiments d'active composés d'appelés (3 ans) sont renforcés par des réservistes (4 ans) en cas de guerre. Le tout sous la tutelle d'officiers issus de l'aristocratie. En 1866, la victoire de Sadowa témoigne de l'efficacité du système. Napoléon III s'inquiète et tente de mettre en place un système de réserves. Il échoue devant l'hostilité de l'opinion et des oppositions républicaines et royalistes. La guerre de 1870 donne raison à la Prusse.


Quatrième rendez-vous: la Revanche. En 1872, Thiers entreprend de reconstruire l'armée française, battue à Sedan mais «victorieuse» contre la Commune. «Le fondement de l'efficacité militaire prussienne était le service militaire obligatoire, écrit l'historien militaire britannique Michael Howard.

«Après 1871, tous les Etats d'Europe continentale copièrent les institutions prussiennes.» La France sera le meilleur élève parmi les copieurs. « La République naissante a pour l’essentiel copié l’État absolutiste allemand », ajoutait Michel Auvray, dans son livre «L’Âge des casernes».



 
 
 

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