L'Outre-Mer pèse (très) lourdement sur la Gendarmerie
- Jean Dominique Merchet
- 4 nov.
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Le Directeur général de la Gendarmerie nationale, le général Hubert Bonneau a été auditionné par les députés et les sénateurs.

«La Gendarmerie est une force armée de couverture du territoire national» a rappelé le général Hubert Bonneau, directeur générale de la Gendarmerie nationale (DGGN) lors de ses deux récentes auditions à l'Assemblée nationale et au Sénat.
Le territoire national, c'est aussi les outre-mers (OM), où les crises se multiplient et perdurent. La population totale des onze OM est de 2,86 millions d'habitants, soit 4% de la population française. Leur superficie est de 120000 km2, dont plus de la moitié pour la seule Guyane (83000 km2).
En octobre 2025, un tiers des escadrons de Gendarmerie mobile était déployé en permanence outre-mer (exactement 39 sur 116) dont pas moins de 20 en Nouvelle-Calédonie. Ils ne sont pas présents pour des missions spécifiques de maintien de l'ordre, mais en renfort permanent de la Gendarmerie territoriale, au vu du durcissement de la situation. Selon le DGGN, les besoins en effectifs supplémentaires de la Gendarmerie départementale outre-mer sont de 1800. Ils sont actuellement de l'ordre de 5000.
Cette situation pèse sur l'activité des escadrons. Selon le DGGN, le bon équilibre serait l'emploi de 66 escadrons chaque jour au total, pour permettre aux autres de s'entrainer, de se former ou de récupérer. Nous en sommes à 77 actuellement.
La Gendarmerie mobile ne peut donc plus fournir de renforts hivernaux (dans les stations de ski) et estivaux (dans les zones balnéaires). Comme pour le JO, la Gendarmerie départementale met en place des «compagnies de marche» pour remplir ces missions traditionnelles de «moblots», y compris outre-mer, comme on l'a vu à Mayotte lors du cyclone Chido.
Les seuls événements de Nouvelle-Calédonie, qui ont nécessité un «engagement en masse» ont couté environ 300 millions d'euros supplémentaires au bugdet de la Gendarmerie en 2024 et 2025, selon le DGGN, qui parle d'une situation d'«insurrection». Deux gendarmes ont été tués, et environ 500 autres blessés.
La Guyane est un autre théâtre très difficile. L'opération Harpie, avec un état-major conjoint sous les ordres du ComSup (représentant des Armées), y lutte contre les orpailleurs. Les autorités y font face à la présence de "factions armées brésiliennes», des groupes criminels à vocation criminelle, qui veulent s'assurer du contrôle de l'or. Ils compteraient environ 500 membres, entre plusieurs organisations. comme le Comando Vermelho ou la Fraternidade da Máscara. En Guyane, la situation évolue vite : la ville de Saint-Laurent du Maroni (en zone gendarmerie) compterait aujourd'hui entre 80 et 100000 habitants contre 15 à 20000 il y a vingt ans... Comme à Mayotte, l'immigration illégale pèse lourdement sur la situation.
Face à cette situation générale, la Gendarmerie a besoin de moyens : à Mayotte, son hélicoptère Ecureuil est à bout de souffle et en Nouvelle-Calédonie, un Ecureuil a du être retiré du service après être entré en auto-rotation. (Nous reviendrons sur le sujet des hélicos de la gendarmerie). Le DGGN estime que la Gendarmerie pourrait avoir besoin d'avions outre-mer, par exemple en Polynésie. Les derniers légers "bleus" ont été retirés du service en 1994. Les nouveau blindés Centaure ont été employés en Nouvelle-Calédonie. Ils sont conçus pour pouvoir agir «sous le feu». Enfin, la sécurisation des casernes outre-mer, souvent vétustes, est un «véritable problème» a reconnu le général Bonneau.